Publié le 19/09/2020 à 14h16
Karine Mayeur et Sylvain Lemoine sont désormais les nouveaux speakers du Racing. Découvrez dans cette interview croisée leur parcours, les coulisses de la préparation de chaque match ou encore comment ils vont animer le stade Bollaert-Delelis…
Karine Mayeur : « J’ai démarré par un contrat vacataire à la boutique Emotion Foot en 1999.
Depuis, je n’ai plus quitté le club. J’ai notamment travaillé pour le club JSO et au service communication. Aujourd’hui, je travaille avec Raphaël Pollet, le Directeur Sureté et Sécurité, et sur l’organisation des matchs au stade Bollaert-Delelis. »
Sylvain Lemoine : « Je suis supporter du Racing depuis 1986. J’ai commencé à venir au stade assidûment à partir de 1993. En 1999, je suis devenu capo. C’était lors d’un Lens - Bastia et j’y suis resté jusque les quarts de finale de la Coupe de France contre Bordeaux en 2013.
Depuis, je viens toujours au stade mais en famille. Je ne suis plus investi dans une association de supporters. »
KM : « Après le départ de Cyril Jamet que j’assistais lors des matchs, il a fallu trouver quelqu’un pour le remplacer. Il est apparu logique que je vienne dépanner pour le match amical.
Je ne m’attendais pas forcément à devenir speakerine. Je connais la partie préparation, coulisses de l’animation d’un stade. Cette partie exposée et au contact du public est nouvelle pour moi. »
SL : « Devenir speaker n’était pas du tout prévu. C’est un concours de circonstances. J’ai été contacté par le club pendant mes vacances. Je n’ai pas du tout hésité. Tout s’est passé très vite.
J’ai ensuite dû passer une audition au stade en situation avec le micro. Cela s’est très bien passé et j’ai été retenu. En tant que supporter, pouvoir accéder à un tel poste, c’est un privilège et responsabilité ! »
SL : « Oui et non car en tant que speaker, on ne peut pas s’adresser au stade de la même manière que l’on parle au Kop en étant capo. Les 4 tribunes réunies présentent plus de diversité que la tribune Marek à elle seule. Pour moi, ce poste nécessite une remise en question. Les deux rôles sont différents donc il faut s’adapter et travailler.
Lors du match contre le Paris SG, il y a des choses que je ne voulais pas faire, mais que j’ai faites à cause, justement, de mes habitudes de capo. Cela viendra avec le temps. Karine va m’aider avec toute son expérience et ses compétences en ce qui concerne le protocole à suivre. Elle m’impressionne vraiment. Elle va beaucoup m’apporter. »
KM : « C’est vrai que j’ai plus ce côté carré. J’ai la maitrise du conducteur et des préparations. Sylvain a été choisi car il sort des tribunes, il a ce côté impulsif, dynamique et ambianceur. »
SL : « Comme le dit Karine, grâce à mon expérience de capo, je suis à l’aise avec le micro et les supporters, c’est une certitude. En plus, je pense qu’avoir quelqu’un sur le terrain qui a passé du temps en tribune est symbolique. C’est cohérent avec les valeurs du club. »
KM : « Ça peut former un bon duo car on est deux personnes différentes qui vont se compléter. Chacun va pouvoir apporter ses connaissances à l’autre. »
KM : « Cela s’enchaîne toujours très vite ! J’ai une partie sécurité avec Raphaël et une autre organisation et animation. Dès qu’un match est terminé, j’essaie d’avancer au maximum sur le prochain pour anticiper. Tout ce que je peux travailler en amont, je le fais. Il y a évidemment des matchs qui demandent plus de préparation que d’autres. Après, il y a toujours des choses qui arrivent à la dernière minute comme des demandes d’hommage ou des animations imprévues. Il faut pouvoir les mettre en place. »
SL : « Personnellement, je me prépare en faisant des recherches sur le match, les joueurs… À part ça, ma préparation se fait surtout avec Karine quand j’arrive au stade. On est là longtemps avant donc on en profite pour se répartir ce qu’il y a à dire.
Quand j’arrive, Karine me présente le conducteur sur lequel elle a travaillé et on en discute. Que ce soit sur la répartition de la parole ou pour la composition des équipes, on prend les décisions à deux. »
KM : « Comme je suis au club, c’est moi qui travaille et prépare le match. Ensuite, c’est en effet un échange avec Sylvain, une construction et un travail que l’on fait à deux pour se mettre d’accord. Personne ne prend la décision individuellement. Avec Sylvain, mais aussi avec les gens qui s’occupent des écrans géants et du son, on forme une seule équipe. »
SL : « Pas du tout. Quand je suis devenu capo, j’ai commencé à apprécier l’animation. Mais je ne suis pas du tout comme ça dans la vie ! Je suis plutôt calme et posé. Souvent, quand je dis aux gens que j’ai été capo en Marek, ils ne me croient pas [Ndlr, rires].
Je pense que c’est un avantage dans mon nouveau poste de speaker car il faut savoir rester lucide et concentré. »
KM : « C’est arrivé comme ça ! Comme je prépare tous les matchs, cela paraissait logique que ce soit moi qui prenne le micro lors de Lens - Dijon. Le fait qu’il y ait une jauge à 5000, cela permettait aussi que je prenne la relève à ce moment plutôt que lors d’un match à guichets fermés !
Maintenant, le but est que l’on ait quelque chose de dynamique. Je pense que l’on est le seul club à avoir nommé un ancien capo au poste de speaker. Cela va se ressentir. En plus Sylvain est quelqu’un d’apprécié. Pour l’instant les retours sont positifs donc je pense que c’est de bon augure. »
SL : « Pas vraiment. Avant de passer l’audition, j’ai juste lu beaucoup d’interviews pour connaître les différentes écoles. C’est bien de voir les avis et de se faire le sien afin de garder un cadre et d’y ajouter sa propre touche. À terme, j’aimerais pouvoir amener des choses qui sortent de l’ordinaire, ma touche de folie que l’on pourrait retrouver en tribune. »
KM : « Avec Sylvain, on essaye de trouver nos marques, de mettre notre touche personnelle. Cela va se faire au fur et à mesure. On apprend à se connaître et cela se passe super bien, il y a une très bonne entente. Cela peut donner quelque chose de vraiment sympa. On n’a pas envie de faire du copié-collé ni de se mettre de pression. Il faut garder ce côté naturel. »
KM : « Désigner une femme comme speakerine est une bonne chose. J’essaie de ne pas me mettre de pression. Je le vois plus comme une opportunité, comme un challenge. Ce n’est pas ma spécialité ni mon rôle premier mais si je ne le fais pas, je le regretterai dans quelques années. Je sais rester critique et objective concernant mon travail, j’arrive à analyser les points positifs et négatifs. J’ai aussi souhaité que l’on fasse un binôme pour que chacun puisse faire progresser l’autre. »