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A l’occasion des 25 ans du « Kop Sang et Or », fêtés ce lundi lors de Lens - Nancy, nous sommes allés à la rencontre de Ludovic Nanzioli, président de l’association. Passé par toutes les tribunes du stade Bollaert-Delelis avant de trouver ancrage en Marek, cet ultra lensois vit un amour viscéral pour le blason sang et or. Découverte…

Entretien

Ludovic, peux-tu te présenter ?

« Je suis né à Lens et j’habite à Houdain avec ma femme et mes quatre enfants âgés de 4 à 14 ans Manon, Athéna, Laura et Lorenzo. C’est dans ma maison que se trouve le bureau de l’association KSO. Je n’ai jamais quitté ma région même si ma femme aimerait aller dans le Sud. C’est sûr qu’il y fait très beau mais il n’y a pas Bollaert-Delelis ! Bollaert, c’est unique. »

Comment t’es venu la passion du Racing ?

« J’ai découvert le Racing à l’âge de 2-3 ans, grâce à mon grand-père et son frère. Ce dernier était encore plus fan que lui. Abonné en Trannin, il nous emmenait à tous les matchs ! Bizarrement, je n’aime pas trop le football et je ne regarde que très rarement des matchs à la télévision. Mais je suis fou du Racing Club de Lens et du blason ! Je ne rate pas une rencontre à la maison et je fais pratiquement tous les déplacements. A Bollaert-Delelis, c’est la fête, l’ambiance, la magie, une deuxième famille ! On ressent cette fraternité en tribunes, surtout en Marek. Le passionné du blason qui goûte une fois à la Marek, ne la quitte jamais !

Je commence à emmener mes enfants pour leur transmettre ma passion et j’en suis très fier ! Ça fait du bien, je me dis que j’ai réussi à inculquer quelque chose de fort dans ma vie. Je partage ça avec eux, ça fait plaisir. Mon rêve est de voir plus tard mon petit sur le perchoir, comme moi, et de pousser, de faire le rôle de capo. »

Photographie : www.facebook.com/KopSangetOr93

En tant que capo, tu ne vois pas le match du coup ?

« Je vois les matchs dans le regard des gens. C’est en observant et en écoutant la tribune que je sais ce qu’il se passe sur le terrain. Aux côtés des capos des autres associations, avec mon collègue Gali, nous donnons encore plus d’énergie et d’intensité par la gestuelle et l’expression de nos visages. On gueule dans le mégaphone et on dit aux gars de chanter. »

Au-delà des tribunes, tu transmets ta passion en te produisant sur scène dans la pièce de théâtre ‘Stadium’ qui connaît un franc succès…

« Avec 52 autres amoureux du Racing, nous parcourons la France et nous livrons chacun notre récit personnel aux couleurs sang et or. Il y a quelques temps, le metteur en scène Mohamed El Khatib et son équipe sont venus à Lens pour poser des questions aux supporters, comme ils l’ont fait dans d’autres villes. A la base, ils voulaient traiter des supporters de toute la France mais ils ont tellement été bien accueillis ici qu’ils ont voulu axer la pièce sur les fans lensois. Avec mon amour pour le blason et mon statut de président du KSO, je leur ai parlé du milieu des ultras avec mes tripes. Ils ont adoré et m’ont proposé de jouer mon propre rôle, avec mon ressenti. Après les représentations, beaucoup de spectateurs viennent me voir pour échanger sur le Racing et ses supporters. Certains m’ont même dit que ça leur donnait envie d’aller voir un match à Bollaert-Delelis ! Le message passe et j’ai tout gagné ! »

Quels sont tes meilleurs souvenirs de Bollaert-Delelis ?

« Forcément le titre de Champion de France 98 ! C’était magique ! J’étais à Auxerre ce jour-là. On a pleuré, on a chanté, c’était un moment très fort. On n’y croyait pas. Lens, Champion de France ?! C’était impossible pour nous. On aime notre club mais on savait très bien que l’on ne faisait pas partie des grosses écuries. Ce titre, c’était magistral ! C’est comme la naissance d’un enfant. On pleure, on est heureux. On n’oubliera jamais. Après le match, j’étais au téléphone avec mes potes qui étaient à Bollaert-Delelis : « On nous a ouvert les portes du stade, c’est la folie, on attend les joueurs ! ». Forcément, j’ai tout fait pour arriver avant l’équipe et pour vivre ce moment inoubliable ! Je suis arrivé à temps et je n’ai pas dormi de la nuit. C’était vraiment la fête !
Je me souviens aussi d’un match Lens - Paris SG. La veille… je me mariais ! Quand j’ai fait ma demande à ma femme, je lui ai dit « Par contre le mariage, ce sera au mois de juin car il n’y a pas de foot. » Quand elle m’a annoncé que la salle était réservée pour le week-end de la venue du PSG, j’étais fou : « Si le match tombe le jour de la réception, je ne me marie pas ! ». Elle n’était pas bien mais elle sait qu’elle passe après le Racing Club de Lens. C’est indéniable. Mes enfants, le Racing et elle. Par chance, à deux semaines notre union, on a su que l’on recevait le PSG le lendemain de notre mariage. Ce jour-là, j’ai laissé tout le monde en plan et je suis parti dans les rues de Lens en costume. Je suis allé en Marek avec les gars pour supporter Lens face au PSG. C’est l’année où l’on est descendu je crois, donc c’était tendu. Mais j’étais présent, il le fallait. »

Et quel est ton pire souvenir ?

« En 2008 : la descente en Ligue 2… A la 80e minute, quand notre destin était scellé, j’ai ressenti la mort. J’étais à moitié achevé. On n’y croyait pas, on se disait « Ce n’est pas possible, pas nous ». Tout le stade est devenu silencieux. On était tous abasourdi. [Ndlr, les larmes commencent à couler sur ses joues] On était en pleurs, tous en train de chialer comme des cons. »

Qu’est-ce que pour toi un supporter du RC Lens ?

« Il n’existe pas un seul type de supporters, de vrais ou faux supporters. Chacun aime, vit le Racing à sa façon. Il y a le supporter qui aime le club mais ça ne va pas plus loin. Une fois que le match est fini, sa vie reprend et toute la semaine il ne parle pas trop de Lens. Et il y a nous, les ultras. Le Racing, c’est notre vie ! Le blason, c’est notre vie ! C’est vital pour nous ! Je ne peux pas passer une seule journée sans parler du Racing Club de Lens, sans être en contact avec les potes pour voir comment on organise un déplacement ou qu’est-ce que l’on peut faire pour mieux supporter le Racing. C’est énormément de travail. Etre supporter, c’est vraiment être à fond derrière son équipe, surtout son blason. Même dans les moments difficiles, comme celui que l’on vit en ce moment, on doit supporter nos couleurs ! Malheureusement, pas les joueurs. On verra en fin de saison, peut-être que l’on retrouvera une harmonie mais pour l’instant, il y a une réelle cassure. C’est malheureux parce que l’on œuvre tous pour le blason mais il y a eu beaucoup de choses qui nous ont amené à une certaine forme de ras-le-bol. »

Peux-tu présenter l’association de supporters KSO dont tu es le président depuis 3 ans ?

« Je l’ai vu naître en Trannin en 1993 et lundi on fêtera ses 25 ans ! A l’âge de 20 ans, j’ai rejoint le KSO. J’ai été accueilli à bras ouverts même si c’était compliqué d’y adhérer. On ne rentrait pas simplement dans un groupe aussi mythique. Aujourd’hui, c’est un peu plus simple même si les places sont chères car on en a très peu. La Marek est souvent 100% abonnés. Donc on fait des sélections. On prend ceux qui sont amoureux du Racing et qui veulent vraiment venir, non pas pour être spectateur, mais pour être acteur et pousser l’équipe. On est 120 cartés dont 60 actifs.

Quand on est membre, on est souvent dans l’euphorie, dans la magie, à faire n’importe quoi. Quand on est président, on a des responsabilités. On dit « Merde, les gars, ne faites pas trop les cons, parce qu’il y a des règles ». On essaye de les faire appliquer, d’être le plus exemplaire possible. On doit faire comprendre que partout où l’on va, on est certes KSO mais avant tout lensois ! On doit véhiculer une belle image du Racing.
J’ai fait partie d’un grand club de motos. C’était familial. Et quand j’ai repris la présidence du KSO, j’ai voulu retrouver encore plus ce sentiment. Pour moi le KSO, c’est ma deuxième famille. Quand l’un d’entre nous a un souci, on est présent. On essaye de se soutenir. »

L’association fêtera donc ses 25 ans lundi à l’occasion de Lens - Nancy…

« Les animations débuteront dès 19h derrière le Mac Do avec un cortège orné d’une petite voile. Tout le monde peut venir nous accompagner ! Pour le match, on a préparé des chants KSO, des t-shirts et des écharpes spéciaux 25 ans. Forcément, des tifos seront déployés dont un qui sera grandiose ! Celui-ci nous a pris énormément de temps ! Depuis août dernier, on prépare les maquettes, on commande le matériel, etc… Depuis un mois, il prend réellement forme. En seconde période, il y aura une voile avec nos valeurs « Force, fierté, fidélité » écrites dessus. »

Contact

Par Clément Kielsinki et Leïla Talbi - rclens.fr