« Lorsque l’on met les pieds dans ce club, on est marqué à vie. » Nous sommes en juillet 2018. L’Équipe de France de football vient d’être sacrée championne du monde pour la deuxième fois de son histoire. À peine deux jours après la finale remportée face à la Croatie (4-2), Raphaël Varane est de passage à La Gaillette, là où tout a commencé pour lui en tant que Sang et Or. Un symbole fort qui reflète l’attachement porté au club qui l’a vu grandir. 16 ans plus tôt, il poussait les portes du centre de formation sang et or pour la première fois.
Publié le 25/04/2022 à 16h00
De La Gaillette au toit du monde, il n’y a qu’un pas ! C’est au Racing que Raphaël Varane a bâti les fondations de sa florissante carrière. De 2002 à 2011, le défenseur central a marqué de sa classe et de son professionnalisme précoce les coachs et les joueurs qui l’ont fréquenté. À l’occasion de ses 29 ans, retour sur la formation et les débuts en pro d’un homme paré pour le haut niveau.
Dans la chambre du jeune garçon – qu’il partage avec le gardien Matthieu Duconseil – c’est Cristiano Ronaldo qui est à l’honneur sur les posters. Un modèle de réussite pour lui.
Dès ses débuts, le Lillois de naissance – plus précisément dans la commune d’Hellemmes – fait l’étalage d’une précocité rare. Il comprend mieux et surtout plus vite. « « Rapha’ » avait une grande qualité d’écoute et un degré d’implication qui frôlait l’excellence malgré son jeune âge ». Olivier Bijotat, éducateur et finaliste des championnats de France U16 avec lui, l’a accompagné durant 3 années, de sa fin de cycle de pré-formation avec le pôle de Liévin à ses débuts avec l’équipe réserve en CFA. Comme beaucoup, il a été bluffé par le professionnalisme affiché par le défenseur. « Il avait déjà une démarche de pro. Il débriefait les séances d’entraînement, échangeait avec les formateurs, […] Il a rapidement adopté les codes. »

Ces codes, ce sont tous les à-côtés des matchs. Les détails qui font la différence pour atteindre le haut niveau. « Il a tout de suite compris que ses performances allaient se jouer aussi en dehors du terrain. Alors il s’est forgé une culture de jeu en décortiquant ses prestations. » Pour l’entraîneur, cette maturité provient d’un environnement familial sain et tourné vers la discipline. « Son éducation remarquable lui a permis de franchir les paliers avec aisance. Sa capacité d’adaptation était assez extraordinaire : qu’importe la catégorie d’âge, il se calait sur le niveau. »
Alors qu’il gravit les échelons à une vitesse folle, Raphaël Varane se voit directement proposé un contrat professionnel de trois ans en avril 2010. De fait, il intègre l’équipe réserve évoluant en CFA afin de faire ses armes. Olivier Bijotat en était l’entraîneur à l’époque. « Il fallait qu’il affirme sa personnalité au sein du groupe. C’était ce qui lui manquait. »
Pour y remédier, le coach a pris une décision forte et symbolique. « Je l’ai nommé capitaine. Je voulais qu’il prenne des initiatives et qu’il ait plus de responsabilités. » Un rôle que « Rapha’ » va embrasser avec facilité.

« Il avait cette facette de leader. Je le surnommais « la force tranquille » : quelqu’un de très déterminé mais toujours calme. Il transmettait naturellement de la sérénité et c’était très réconfortant pour ses partenaires. » En à peine 10 rencontres de CFA, le voilà appelé par Jean-Guy Wallemme, alors coach de l’équipe première. « Il avait un projet en tête et il a tout fait pour le réaliser. » conclut Olivier Bijotat.
C’est ce projet, cette ligne directrice qui l’a conduit à sa première titularisation en professionnel face à Montpellier à seulement 17 ans.
Alaeddine Yahia, défenseur central lensois à l’époque et suspendu pour cette rencontre, se souvient. « Il a fait un super match, surtout que face à lui, il y avait Olivier Giroud. On était tous très content pour lui. » Avant Olivier Bijotat de rajouter. « Il y a ce contrôle en porte-manteaux génial devant Souleymane Camara ! C’est une illustration parfaite de cette « force tranquille ». Une sorte de culot contrôlé. »
Dès ses premiers pas avec l’équipe fanion, Raphaël Varane a impressionné son monde. « Il était au-dessus à tous les niveaux », poursuit Alaeddine Yahia, « Il relançait plus vite et savait se placer intelligemment. Physiquement, il était sec mais super imposant. À la fin du premier entraînement, j’ai dit à Éric Chelle (ndlr : son partenaire en défense centrale) : « un de nous deux va sauter ! » »
Derrière ce trait d’humour se cache une réalité : le gamin d’Hellemmes à quelque chose de spécial. « Raph’ c’est le seul joueur à qui je n’ai jamais rien dit. Il était tellement mature. Il donnait déjà beaucoup de conseils sur le terrain. On savait tous qu’il allait faire une grande carrière. » Les prémices d’un joueur bâti pour le (très) haut niveau. « Il savait où il voulait aller. Il était prêt pour la vie de pro. On le chambrait avec ça en lui disant : « tu nous laisseras des places quand tu seras en Équipe de France hein ?! » »

Au fil des titularisations en défense centrale ou dans l’entrejeu (22 sur 23 apparitions lors de l’exercice 2010-2011), Rapha’ éclabousse la Ligue 1 de son talent et attire l’œil des grandes écuries européennes. Outre ses qualités défensives, il démontre un jeu de tête déjà bien rôdé en inscrivant deux buts face à Caen d’abord et Monaco dans les ultimes instants de la rencontre.
À l’issue de la saison, grâce à son excellent état d’esprit et ses résultats scolaires probants, il se voit décerner la Gaillette D’Or, trophée récompensant le meilleur joueur de la formation lensoise. Lens est relégué en Ligue 2 et les offres affluent. Malgré l’attachement porté à son club, le jeune homme décide alors de prendre l’avion direction Madrid pour une nouvelle aventure chez les Merengues. Le grand envol après 9 années passées dans la couveuse sang et or.